« Rooh Flûte » fit une jeune femme agacée devant la porte une maison de Roxbury, Boston.

La maladresse était elle héréditaire ? Et si oui, qui avait osé lui léguer tel fléau ? Cassie ne s’était jamais vu comme tel, mais depuis quelques temps elle avait l’impression que quelqu’un lui avait gravé « boulet » sur la tête. Ce qui lui semblait facile et naturel à son travail semblait lui demander plus de réflexion actuellement. Elle qui était un cordon bleu avait réussi à gâcher tous les repas de la semaine. Inutile de vous dessiner la tête de sa soeur quand elle y avait gouté : imaginez-vous en train de manger du charbon et vous vous ferez peut-être une idée de ce qu’elle a enduré. Etait-elle maudite ou alors les astres avaient-ils décidé de lui offrir un mois de merde alors qu’elle travaillait sur un grand contrat. C’était vraiment pas le moment. D’autant plus que ça ne faisait jamais que cinquante fois qu’elle faisait tomber ses clés cette semaine. Maintenant qu’elles étaient de retour dans sa main, elle les regardait les une après les autres de mauvaise humeur, les maudissant les unes après les autres. « Toi va te faire voir. Toi aussi. Toi également. Toi je te parle pas. Toi pourquoi tu existes ? je sais même pas à quoi tu sers. » Ignorant complètement le regard étrange que sa voisine lui lançait, elle réussit enfin à rentrer chez elle. Laissant tout tomber devant le porte d’entrée en émettant le râle du survivant de dernier Koh-Lanta qui rentre enfin à la maison, elle remarqua qui lui restait tout juste le temps de faire le diner. La jeune femme croisa mentalement les doigts pour que cette fois encore elle ne gâche pas tout. Sinon ça ne fera jamais que la quatrième fois dans la semaine. Et il ne manquera plus qu’à sa soeur et elle de manger leurs doigts. Non! C’est pas vrai. Elle avait prévu le coup en achetant deux plats surgelés aux cas où.

Aux vues de ses dernières compétences culinaires inhabituellement basses, elle se mit à faire quelque chose d’aussi simple qu’un gratin de macaroni. Oui, tout simple on a dit. En même, temps elle en profitait pour continuer à travailler avec son ordinateur sur la table de la cuisine, dans l’espoir d’avancer enfin sur son nouveau projet. Enfin, elle finit par entendre un trousseau de clé et la porte qui s’ouvre. « Prête pour une nouvelle intoxication alimentaire ? J’ai affiché le numéro des pompiers sur le frigo cette fois. » Laissant échapper un soupir desespéré, elle ajouta d'un air dégouté. «Je te préviens : si j'arrive à rater même un gratin de macaronis... Je ne répondrai plus de rien.»