Ce qui était le plus difficile depuis que j'avais pris l'initiative de me poser définitivement à Boston était sans équivoque le fait de devoir prendre de nouvelles marques. Certes cela faisait quelques temps désormais que la décision s'était faite mais après des années à voyager à travers le monde en ayant été mandaté par de nombreuses grosses entreprises à la recherche de personnes talentueuses, pour dénicher l'oiseau rare, je devais me faire à l'idée que tout était différent dorénavant. Je ne mettais plus vraiment ma force de persuasion que j'avais acquis de par ma formation afin de les convaincre de quitter leurs postes actuels tout en leur expliquant judicieusement qu'un nouveau travail ailleurs beaucoup plus intéressant et beaucoup plus rémunéré était à leurs dispositions. Je travaillai au sein d'une grosse boîte qu'un ami de Kath, ma sœur, dirigeait en tant que responsable des ressources humaines. Aujourd'hui je devais ainsi me rendre sur le campus universitaire afin de présenter l'entreprise Quinn, au plus simple j'avais la charge de faire de la publicité pour les prochains diplômés et pourquoi pas leur donner envie. J'étais installé depuis dix minutes quand quelque chose me glissa dessus, littéralement. Une voix féminine se fit alors entendre et des excuses suivirent. J'allai ouvrir la bouche lorsque quand je me retourna je tombai sur ce regard et cette physionomie que je reconnaîtrai entre mille. Je ne pipai mot alors et j'affichai un pli frontal en guise d'étonnement. Il me fallait quelques secondes seulement pour me contenir et celer un fin sourire au coin de mes lèvres. « Nys, quelle surprise. » Dans mes mains je tenais le paravent qui m'avait alors percuté sans quitter une seule seconde son regard. « Tu essayais de me tuer? » Je mettais de l'humour pour essayer de détendre l'atmosphère qui s'était considérablement tendue tout-à-coup.

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Nys était la dernière femme avec qui j'avais passé la nuit et à dire vrai je ne pensais pas que la revoir un jour. Je sais qu'il y avait de fortes chances pour que je finisse par la croiser au détour d'une rue quelconque dans Boston étant donné que j'avais définitivement posé mes bagages ici et je m'étais déjà fait à l'idée que cela puisse arriver un jour ou l'autre, mais c'était tout de même quelque chose de la revoir deux mois après notre nuit ensemble. Nous nous trouvions tous les deux sur le campus universitaire, elle pour présenter son entreprise et moi... Pour présenter la mienne par la même occasion. Je n'étais pas tellement habitué à me retrouver dans ce genre de foire mais je ne laissais rien paraître, j'avais été un chasseur de tête que tout le monde ou presque voulait s'arracher, j'étais déterminé, sûr de moi et persuasif et c'était sans aucun doute la raison pour laquelle je me retrouvais ici présent, j'avais un sens de la négociation et une conviction incomparable et j'avais aussi une bonne capacité d'expression. Je parlais facilement, toujours avec de l'humour puisque c'était la clé. Il fallait toujours mettre de la légèreté et de la fantaisie dans chaque discussions afin d'attirer l'attention des autres. Cela dit je ne m'imaginais pas que nos retrouvailles se déroulent de la sorte, Nys venait de me renverser son paravent en pleine tête avant de s'excuser en tout hâte, tenant dans mes mains le dit paravent je lui adressa un sourire en coin sans jamais quitter son regard du mien avant de lui demander si elle essayait de me tuer, d'une façon purement ironique « Du gâchis hum... Je vois. » Je souriais davantage, heureusement que j'étais plutôt à l'aise dans ce genre de circonstance parce que je n'échafaudais pas à quel point cela aurait été gênant de discuter, elle et moi. Elle me demanda alors ce que je faisais ici. Effectivement la dernière fois que je l'avais vu, j'étais encore chasseur de tête, elle ne savait absolument pas les raisons de ma présence ici. « Les étudiants n'ont pas encore toutes les aptitudes nécessaires qui puissent intéresser n'importe quelles entreprises, ils n'ont même pas encore leurs diplômes, tu sais. » Je replaçais le paravent correctement tout en lui répondant avant de m'appuyer contre ma table, les mains au bord. « Je représente l'entreprise Quinn, en réalité. » J'haussais les épaules avant de croiser mes bras contre mon torse. Je n'étais pas tellement bavard surtout en ce qui concernait ma vie privée et j'estimais que mon changement de travail en faisait parti. « Je suppose que tu vas devoir être très convaincante, aujourd'hui Nys. » Je savais à quel point elle aimait son métier et à quel point elle était très à cheval avec ça. Cette journée risquait donc d'être très distrayante, en fait de compte.

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Cela ne me dérangeait aucunement de recroiser une femme avec qui j'avais eu une aventure d'un soir, ce n'était ni la première ni la dernière fois que cela m'arrivait et il fallait le dire cette rencontre fortuite avec Nys n'était pas des plus déplaisantes ni des plus gênantes bien au contraire. Le fait de revoir ce joli minois ne me laissait pas totalement indifférent, elle était très séduisante et elle avait un charme fou et auquel il était impossible de ne pas se retourner sur son passage. Lorsque Nys avait décidé de finir notre entrevue ailleurs que dans le restaurant où nous avions dîné je n'avais pas refusé le moins du monde. Comme je le disais c'était une femme vers laquelle nous ne pouvions passer à côté, son visage était d'une beauté captivante, ne parlons pas de ses yeux envoûtant ni de sa bouche attrayante. J'avais passé là, l'une des meilleures nuits qui soit mais à en juger son expression horrifiée du début et la stupéfaction sur son visage, Nys ne pensait certainement pas me revoir un jour, chose qui était plus ou moins compréhensible étant donné qu'elle me croyait encore loin de Boston, parcourant les villes du monde à la recherche d'hommes et de femmes. J'avais compris l'allusion au mot gâchis et je savais qu'il ne s'agissait pas de la nuit que l'on avait pensé ensemble c'est pourquoi je souriais davantage devant son attitude mal à l'aise. « Bien sûr, je te comprend tout-à-fait, Nys. » Je glissais une main au travers de mes cheveux déjà ébouriffé avant de faire la même chose avec ma barbe, tout ceci sans ne jamais quitter la jeune femme du regard. Je lui indiquais alors les raisons pour lesquelles je me retrouvais ici, à la foire universitaire. Bien évidemment elle ironisa sur le fait que l'on ne devrait probablement pas se parler ni fraterniser avec l'ennemi. J'haussais les épaules en guise de réponse affichant un sourire taquin sur les lèvres. « Sûr? Pourquoi pas? Il y a une règle qu'il ne faut pas déroger et qui stipule que l'on a aucun droit de parler avec l'ennemi? » Je regardais autour de moi avant de reporter mon regard vers elle, je ne me cachais pas pour l'observer de fond en comble, appréciant ce que j'avais sous les yeux. « Tu as essayé de me tuer, je présume donc que l'on peut très bien discuter, toi pour t'excuser et moi pour t'accorder mon pardon. » Je ne savais pourquoi ni comment mais instinctivement je m'étais rapproché d'elle, je n'étais plus qu'à quelques centimètres de son corps, je lui répliqua qu'elle devrait donc se montrer très convaincante aujourd'hui, ce à quoi elle me répondit que j'avais déjà pu remarquer à quel point elle pouvait l'être, le tout accompagné d'un clin d’œil. « Hum ça dépend. Dans quel contexte dois-je le prendre, dis-moi? » L'assurance et la sûreté était ce que j'avais de mieux et j'étais persuadé qu'elle comprendrait parfaitement l'allusion que j'avais faite en parlant de notre nuit.

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Lorsque j'annonçais à qui voulait bien l'entendre que je n'avais jamais eu de relation sérieuse avec une femme, certain me riait presque au nez, d'autres n'y croyaient pas tellement et me disaient que je plaisantais. Mais non, assurément non. Pas même lorsque j'étais encore un simple étudiant. Certes, il fallait l'avouer, avoir trente deux ans et n'avoir jamais vécu une relation cela pourrait paraître plus ou moins étrange, rare voire inexplicable. Mais pas pour moi, étant donné le nombre incalculable de déplacements que j'effectuais suite à mon travail de chasseur de tête je n'avais jamais pris le temps de me poser avec quiconque, ni le temps ni l'envie d'ailleurs. Cela ne me disait tout simplement rien du tout. Pour moi j'associais relation avec histoire, ennui, emmerde et les histoires, non, très peu. Je les chassaient. Alors je me contentais toujours de passer seulement de bons moments en compagnie de la gente féminine et je n'avais jamais omis mes réticences, toutes les femmes avaient lesquelles j'avais passé une nuit était on ne peut plus d'accord pour que cela reste une simple et seule nuit, sans attachement, sans encombrement. La dernière en date s'appelait Nys et Nys était d'une beauté époustouflante. Nys qui se trouvait face à lui, à la foire de l'université et elle n'avait point changé. J'eus presque un raté en l'apercevant, accidentellement elle m'avait renversé son paravent et la conversation avait donc débuté ainsi. Je n'étais ni gêné ni mal à l'aise comparé à elle. Effectivement le fait de la revoir n'était sûrement pas dans mes plans mais c'était une belle surprise car je ne cessais jamais de repenser à elle depuis cette fameuse nuit. La discussion était amusante, ironiquement je lui accordais mon pardon. « Je ne me laisse pas facilement avoir même si la personne est une jolie femme comme toi. » Je lui adressa un large sourire tout en lui répondant, j'étais capable de savoir qu'elle plaisantait et je voyais peu à peu qu'elle se détendait au fur et à mesure que le temps passait. Lorsque je fis allusion à la nuit que l'on avait passé tous les deux elle m'annonça que c'était un coup bas. Ce à quoi je riais discrètement. Je secouais la tête en glissa une main dans mes cheveux. « Tu peux m'appeler Eytan, tu sais, si je me souviens bien on a été assez intime toi et moi, tu n'as plus besoin de faire semblant d'être professionnelle avec moi. » J'haussais les épaules, amusé par son attitude. La conférence n'allait pas tarder à commencer, tout de mon côté était déjà en place et j'avais hâte de voir Nys en action. Une chose était sûre, je ne l'a quitterai sans doute pas des yeux.

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Je n'étais pas très emballé par cette journée de présentation, mon nouveau métier me plaisait vraiment mais ce n'était définitivement pas la même chose que l'ancien et bien que cela ne faisait que quelques temps que j'avais arrêté il fallait que je me l'avoue, ce n'était absolument pas ce que j'osais espérer, mais soit, cela avait été mon choix et il était hors de question que je remettre ma parole en jeu. J'étais revenu pour ma famille, depuis le décès de mon père cette dernière était devenue fragile. Je me sentais dans l'obligation d'être présente pour elle puisque j'étais le grand-frère de tout le monde. Je ne remplacerais jamais mon géniteur c'était un fait mais j'avais des responsabilités grosses dorénavant et il m'était inconcevable de laisser ma mère seule. J'étais avant tout revenu pour mes frères et sœurs mais surtout pour elle. J'entretenais une relation toute particulière avec cette dernière et je passais énormément de temps avec. J'avais ce besoin constant de vouloir la protéger, toujours. Il était primordial que je parvienne à mettre ma vie privée dans un coin de ma tête quand je travaillais et bien que cela ne m'arrivait pas souvent, aujourd'hui avait été le cas. Je chassais rapidement mes pensées de mon esprit pour me concentrer sur ce qu'il se passait réellement. J'étais face à Nys et la présentation n'allait pas tarder à commencer. Nous devrions déjà être en place chacun derrière nos postes, mais non. Lorsque je lui répliqua que je ne me laissais pas facilement duper même si la jeune femme en question se trouvait être jolie, elle me répondit qu'il y avait la journée pour vérifier cette théorie. Je secouais la tête, amusé et souriant. Il y avait comme un jeu de séduction dans nos attitudes, je ne savais pas si c'était moi qui le percevait ainsi mais je le ressentait vraiment. « Je ne comptais pas rester, mais te voir m'a fait soudainement changé d'avis. » J'avoua sans peine cette confession. Je n'avais pas eu l'intention de rester toute la journée, j'avais des choses à faire par après, mais si elle était là alors je n'avais plus de raison de partir. Je glissais une main sur ma nuque gardant toujours mon sourire aux coins des lèvres. « Et bien non, pour être honnête. Disons, raisons familiales. Rien à voir avec toi. » Je n'allais certainement pas approfondir la chose, nous n'étions pas intimes Nys et moi quant bien même avions-nous partagés une nuit ensemble. Lorsqu'on annonça qu'il était temps de commencer, je me tournais de nouveau vers elle. « Le travail nous appelle. J'espère que tu parviendras à te concentrer, je serais juste à côté de toi. » Je plaça une main dans le bas de son dos afin de me faufiler vers mon stade sans jamais oser quitter son regard du mien.

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