Depuis ton plus jeune âge, tu avais pris l'habitude des regards que l'on pouvait porter sur toi ou encore des journalistes qui te suivaient à tous les coins de rues. Tu avais pris l'habitude d'avoir un nom connu et d'avoir une vie privée plutôt limitée. Tu avais fini par t'y faire. Tu dois dire que ça a toujours fais partie de ta vie et que bien souvent, tu te contrefichais de ce qui pouvait paraître dans la presse. Souvent, c'étaient des conneries, des trucs sans aucun sens qui te faisaient plus rigoler qu'autre chose. Bon d'accord, plus d'une fois, tu avais eu la surprise d’apparaître à la première page du journal de manière totalement scandaleuse. Tu ne te rendais pas toujours compte que quoi que tu fasses, quelqu'un t'épiais et suivait tes moindres mouvements. Des photographes arrivaient à te prendre à moitié nue ou bien la bouche collée sur celle d'un autre. Tu étais comme ça, tu profitais de chaque moment et quand le flash d'un appareil photo venait t'aveugler, il était souvent déjà trop tard. Tu ne pouvais pas faire machine arrière, mais dans ce cas de figure, tu étais préparée à voir un article sur toi le lendemain matin. Tu en as fais des conneries qui sont retombées sur les épaules de toute ta famille et que ton père devait parfois réparer. Et au final, Mike t'expliquait quoi faire, histoire d'être beaucoup plus discrète que tu ne l'étais. Mike était l'enfant le plus calme et Jason et toi, vous vous retrouviez à tour de rôle dans des articles qui ne faisaient que raconter des faits totalement absurdes ou totalement scandaleux sur vous. Tu n'avais jamais vraiment pu supporter que l'on raconte n'importe quoi à ton sujet, par contre. Les rumeurs infondées te faisaient sortir de tes gonds. D'accord, la fois où tu avais fini à moitié nue en première page était de ta faute, mais parfois, ça allait trop loin. Beaucoup trop loin, d'ailleurs. Et il se trouve qu'aujourd'hui, c'était le cas. Tu tenais un article rien que sur toi dans ta main, attendant que Mike ne vienne ouvrir la porte de chez lui. Tu étais complètement furieuse d'apprendre des choses que tu ne savais même pas toi-même. D'après plusieurs sources soit disant sûres, tu aurais été secrètement en couple et tu serais tombée dans la drogue juste après ta rupture difficile. Une phrase disait d'ailleurs : "pauvre fœtus, il n'aura décidément rien pour lui plus tard !". Donc, en plus de ça, tu étais enceinte. Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre ! Mike venait enfin d'arriver et de t'ouvrir. Tu entras chez ton frère en ayant la voix tremblante tellement tu étais énervée. « Tu veux en savoir une bonne ? » En passant devant ton frère, tu lui glissas le journal entre les mains. « Moi même, j'ai été surprise d'apprendre certaines choses à mon propos. Franchement, Mike, ils vont inventer quoi, la prochaine fois ? » Tu laissais le temps à ton frère de lire quelque peu ce foutu article pendant que toi, tu ne cessais de faire les cent pas à travers la pièce. Tu avais envie d'aller les trouver, ces journalistes et de tous les dégommer un par un. Mais non, ça leur ferait encore un superbe article : "La folle qui s'en prend à des innocents !". Tu eu un petit rire discret à cette idée avant que Mike ne te ramène dans la réalité.

« J'espère au moins que t'as prévenue maman que t'étais enceinte. » Tu préférais, tout comme ton frère, prendre cette connerie d'article à la rigolade même si les ragots complètements infondés te faisaient souvent sortir de tes gonds. Là, il valait mieux laisser les choses se tasser plutôt que d'essayer de riposter. « Justement, je faisais le tour des Quinn pour vous l'annoncer, chacun à votre tour. C'est pas une bonne nouvelle ? Tu vas être tonton ! » Tu laissas alors échapper un rire nerveux. Tu n'étais pas encore prête pour être maman. Certes, tu avais envie d'une famille comme celle que tu avais eu, mais là, dans l'immédiat, tu n'étais pas prête. Tu n'avais même pas d'homme avec qui partager ta vie alors, être maman toute seule, tu n'y pensais même pas. Tu étais absorbée par tes pensées de maman, d'enfants, de tes frères et de ta propre maman et enfin de ton défunt papa qui aurait surement bien ris de l'article, lui aussi. Mais Mike te sortis un peu tout ce beau monde de la tête. « Les salauds. Faut croire que cette fois-ci ils s'en sont pas pris qu'à toi. » Que pouvaient-ils dire sur Mike ? Il faisait tout pour éviter que la presse se mêle de sa vie. Tu tâchais d'en faire de même, mais faut-il croire qu'être la fille de la famille, la casse-cou et autre, ça promet des articles bien souvent ! Tu écoutes alors ton frère lire cet article. Pour le coup, ils n'avaient pas pris leurs précautions habituelles. « Il y a quelques jours, l'escrimeur Mike Quinn aurait été aperçu aux côtés d'un charmant jeune hommes dans les rues de boston, nous ne savons encore rien de la relation entre les deux hommes, mais ils semblaient particulièrement proche. Le détail qui a cependant retenu notre attention est l'alliance que l'on distingue très facilement sur la main gauche de ce mystérieux inconnu. Notre sportif aurait-il jeter son dévolus sur un homme marié ? Après tout, l'homosexualité de l'escrimeur n'est plus un secret depuis quelques temps ... » Tu laisses alors tomber ta tête entre tes mains, le temps d'enregistrer le tout. « C'est avec moi qu'il est marié, connard. » Mike pose alors le magazine et tu peux y distinguer très clairement la photo avec, juste à côté, un gros plan sur l'anneau de James. « Franchement, ils n'ont que ça à faire ? Comme si raconter des conneries sur nous n'était pas encore assez, ils faut encore qu'ils en rajoutent à ruiner notre vie sentimentale. » Tu tournes ensuite le magazine vers toi pour regarder les choses de plus près. Franchement, ces gens sont des abrutis sans nom. Tu ne pouvais pas comprendre ce qui les passionnait dans leur métier. Suivre des gens partout à la trace et établir des théories plus loufoques les unes que les autres. Ça allait un temps, mais en ce moment, tu avais vraiment l'impression que ta famille, les Quinn étaient attaqués de toute part. Jason avait de la concurrence avec les boites rivales, toutes les semaines tu voyais ta vie que tu ne connaissais même pas dans les journaux, magazines et autres et là, ton autre frère connaissait le même sort que vous. « Mike, laisse les choses se tasser. Fais comme tu as toujours fait et ils finiront bien par se lasser de cette histoire. » Tu voyais bien que Mike était nerveux. Et pour cause, c'est bien de lui que l'on parle le moins dans la presse au niveau de sa vie privée. Alors que Jason et toi auriez pu écrire chacun un livre recensant vos articles et les histoires à dormir debout à propos de vous, de votre vie sentimentale ou de vos déboires en ne manquant pas les photos "dossier" de vous, bien entendu ! « Tu veux quelque chose à boire ? café ? thé ? » Tu hoches alors la tête, en refermant ce magazine de la poisse. « J'veux bien un café, s'il te plait. » Ils finiraient tous les deux par passer au dessus de ça. Tu ne connaissais pas de couple plus résistant que le leur et franchement, tu étais heureuse de voir ton frère heureux avec James. C'était un couple qui se comprenait et ils étaient tous les deux seuls contre le reste du monde, finalement ! « Au fait, comment ça se passe avec les procédures pour le bébé ? Y a du nouveau ? »