A peine avais-je sauté en bas du lit, que je me faisais déjà agresser par ma colocataire. «
Riiiverrr ». Je levais les yeux au ciel, soupirant. «
Quoi, qu’est-ce qu’il y a ? », lui demandais-je d’un ton un peu trop brusque. Le matin, c’était sacré. Et encore plus quand j’avais ma journée de libre. En moins de deux, elle me sauta dessus, assisse à califourchon sur moi, faisant voltiger devant moi un flyer. Je la fis descendre, et prit son bout de papier en main, juste pour éviter la crise du siècle. «
Semaine du goût – Atelier cuisine ». Je fronçais les sourcils, avant de reporter mon attention sur elle. «
Et ? Tu veux que je fasse quoi avec ce torchon ? » Les yeux pétillants de malice, elle se pencha vers moi, tout sourire. «
Je t’ai inscrit ! C’est cool, tu ne trouves pas ? Vu tes talents culinaires … », elle s’interrompit, avant de me faire un bisou sur la joue. Je la repoussais. Okay, elle n’avait pas tort. Moi et la cuisine, ça faisait carrément deux. Mais pour sa gouverne, je n’avais juste pas le temps de m’y atteler, mais en voyant la pile de cartons à pizza dans un coin de ma chambre, je me dis que, tout compte fait, ça ne pouvait pas me faire du mal. J’avais juste espéré passer ma journée autrement qu’aux fourneaux. Je me levai, me dirigeant vers ma penderie. «
J’imagine que je n’ai pas le choix ? » Elle me regarda, pleine de malice, souriant. Il n’y avait pas besoin de mots.
Deux plus tard, me voilà devant le lieu de rendez-vous indiqué sur la carte. Il n’y avait personne aux alentours, alors que je pouvais entendre le brouhaha venant de la rue parallèle, là où se déroulait la dégustation. Tu m’étonnes. Je tirais une dernière fois sur ma cigarette, pour me donner la force, et je la jetai dans un cendrier mis à disposition. C’est qu’ils faisaient attention à la propreté des trottoirs, ici à Boston. D’un pas nonchalant, les mains dans les poches, je rentrais dans le bâtiment. Silencieux. Je me dirigeais vers l’accueil, ou une charmante jeune demoiselle accueillait les inscrits. «
Bonjour, l’atelier cuisine, c’est par où ? » Elle m’indiqua le chemin aimablement, et au bout de cinq minutes, je retrouvais la salle. Tout autant déserte. Devant moi, des plans de travail luisant, des casseroles, des ustensiles de toutes sortes. Mon cerveau se mit à tourner. Mon dieu, qu’est-ce que je foutais ici ? Je mis un petit instant à percuter que je n’étais pas tout seul, mais qu’une autre personne était présente. Une jeune femme. Je me demandais si elle, contrairement à moi, aimait cuisiner, comme ces mamans italiennes, ou si elle était tout autant novice. «
Bonjour », lui dis-je, suivant les paroles d’un signe de la tête. Je me mis ensuite à la regarder – c’était bien mieux que de regarder tout cet attirail – me disant qu’elle m’était familière, mais pas moyen de savoir d’où.