PRÉNOM + alexander, le seul truc qui me rattache encore à ma mère, mon prénom, a ce qu'il paraît c'est elle qui l'aurait choisi, je sais pas si j'dois y croire ou si c'est encore une connerie qu'on m'a fait avaler pour mieux accepter le fait qu'elle m'ait abandonné. NOM + smith, bien sûr c'est pas celui d'ma mère, ni celui d'mon père hein, c'est celui qu'on donne à tous les gosses de l'orphelinat quand ils sont nés sous x et que personne veut d'eux, au final c'est le mien, bien à moi, je le dois à personne, c'est moi. ÂGE + vingt-quatre balais, bientôt vingt-cinq, ma date de naissance c'est une des seules choses dont je suis sûr dans ma vie, au moins là dessus, je suis sûr de pas m'tromper. DATE ET LIEU DE NAISSANCE + on m'a dit qu'elle m'avait mis au monde un vingt-sept août dans un quartier peu fréquentable de boston. ORIGINES ET NATIONALITÉ + j'suis américain, mes origines je les connais pas, mais vu ma gueule j'irai parier que j'suis un peu latino sur les bords, sans doute du côté de ma mère et de mon père, j'sais pas en fait. MÉTIERS/ÉTUDES + les études, c'est simple, j'en ai pas fait, les bancs de l'école c'était pas pour moi, par contre j'suis chanceux, j'ai pu faire de ma passion mon métier, j'suis tatoueur, j'ai pas encore mon propre salon, mais ça ne saurait tarder, j'économise pour ça. SITUATION FINANCIÈRE + parlons pas de fric s'il vous plaît, c'est pas qu'c'est la galère, mais j'aime pas qu'on parle de frics voilà tout, j'roule pas sur l'or ça c'est clair, j'gagne juste assez de quoi m'payer un toit et de quoi remplir mon frigo. ORIENTATION SEXUELLE + j'me suis déjà posé la question, faut pas croire, mais j'ai la réponse, je suis vraiment hétérosexuel, c'est indéniable. STATUT CIVIL + célibataire, l'amour c'est pas fait pour moi, j'y arrive pas à ce genre de trucs, j'aimerai, mais c'est juste pas pour moi, j'y crois sans doute pas assez. TRAITS DE CARACTÈRE + j'suis quelqu'un de franc, ça c'est sûr, j'ai pas ma langue dans ma poche. j'suis déterminé, quand j'veux quelque chose, j'me donne les moyens de l'avoir. t'façon j'pense que quand tu veux quelque chose dans la vie, faut que tu battes pour l'obtenir. j'suis quelqu'un de droit même si j'fume et je bois, j'ai jamais enfreint les règles et pourtant, j'aurais pu. j'suis protecteur, j'ai été le grand-frère de l'orphelinat donc c'était mon rôle de protéger ma famille à moi. j'suis plutôt fêtard, j'aime sortir et perdre le contrôle le temps d'une soirée, ça m'fait oublier qui je suis et d'où je viens, on est tous égaux, on profite juste du bonheur. je prends la vie comme elle vient, je me prends rarement la tête, je ne planifie jamais à l'avance, j'improvise. j'suis pas flemmard pour un sous, au contraire, j'suis toujours dehors à me bouger les fesses pour arriver à ce que je veux. même si j'ai pas eu de parents, j'suis bien élevé, j'fais l'con, c'est vrai, mais j'suis pas malpoli, j'sais m'tenir quand même. j'suis pas violent, mais j'ai l'sang-chaud donc faut vraiment pas m'chercher sinon tu m'trouves et tu le regrettes. même si j'me suis construit cette carapace de bad boy, au fond j'suis quelqu'un d'aimant et d'attentionné. j'suis assez pudique émotionnellement, j'montre pas facilement ce que je ressens surtout pas quand j'suis blessé, j'aime pas, j'me sens vulnérable quand j'fais ça et j'aime pas cette sensation. GROUPE + clafoutis.

QUE PENSES-TU DE LA VILLE DE BOSTON ? + franchement, si j'pouvais m'barrer d'ici, j'le ferrai sans hésiter. y'a rien qui me retient dans cette ville. aucune famille, aucune copine, personne. moi j'rêve de voyage, l'europe, l'océanie, l'asie, j'veux bouger, j'veux visiter. puis boston, ça va bien quelques années, au bout de vingt-cinq ans on a vite fait le tour quand même. c'est pas que j'aime pas boston hein, c'est juste que j'aimerai pouvoir partir, être libre, au lieu d'ça j'suis bloqué ici
TA FAMILLE, TU LA DÉCRIRAIS COMMENT ? + la bonne blague. non, c'est une blague c'est ça hein. elles sont où les caméras sérieux. ma famille, j'ai pas d'famille. ma mère a accouché de moi sous x et personne n'a jamais voulu m'adopter, va savoir pourquoi, quand j'avais dépassé les cinq ans, j'savais que c'était terminé pour moi et que j'aurais jamais d'famille, jamais de parents, de frères, de sœurs, j'aurai rien de tout ça. du coup, ma famille c'est l'orphelinat, tous les gosses là-bas sont mes frères et sœurs, tous, sans exception.
COMMENT TE VOIS-TU DANS 10 ANS ? + j'sais pas. j'planifie pas, jamais. j'ai aucune idée de où je s'rai quand j'aurai trente-cinq piges. je s'rai sans doute toujours coincé à boston, ou peut-être pas. j'sais pas. ce que j'aimerai par contre, ce serait être dans une ville avec mon propre salon de tatouage et ma bd publiée. ouais, c'est ça que j'aimerai dans dix ans. j'rêve pas d'famille ou de chien ou de maison, j'suis pas comme ça, j'y crois pas à ce genre de conneries. j'rêve de choses simples, faciles d'accès.
20 CHOSES À SAVOIR SUR TOI +
01. j'suis né sous x, j'ai donc jamais connu mes parents et ils ont jamais cherché à m'retrouver, j'sais rien sur eux, j'sais même pas quel âge ils ont, d'où ils viennent, rien. j'ai été en colère un moment avant d'me faire une raison. j'leur en veux plus, mais il m'arrive encore de m'demander c'que ça aurait fait s'ils m'avaient gardés. sans doute pire, mais on sait pas.
02. on m'a placé dans un orphelinat à la naissance en m'donnant le nom de smith. j'm'y suis pas attaché au départ, j'étais persuadé qu'on allait craquer pour moi. seulement, les années passaient et personne ne venait m'chercher. quand j'ai eu cinq ans, j'ai bien compris que c'était terminé du coup j'ai commencé à m'attacher à mon nom, smith. je le répétai dans l'mirroir. alexander smith. j'étais ma propre famille.
03. y'avait pas mal de va et vient dans l'orphelinat du coup j'aimais pas m'attacher aux autres gosses, j'savais qu'ils allaient partir tôt ou tard, j'étais pas con hein. j'étais un peu jaloux au départ, puis j'ai grandi j'ai appris à être content pour eux, au moins ils avaient une chance de faire quelque chose, de marquer les esprits. la seule personne avec qui j'me sentais proche c'était mme young, la directrice. elle était cool avec moi, c'était un peu la seule d'ailleurs. j'pense même que si elle avait pu, elle m'aurait adopté elle.
04. l'adolescence arriva. toujours pas de famille. j'commençais à plus en avoir rien à foutre de tout ça, pour moi c'était des conneries cette idée de famille. j'voyais bien qu'ça voulait rien dire. puis j'avais ma famille à moi, l'orphelinat. maintenant que j'avais l'âge, j'm'occupais des gosses qui, comme moi, avait toujours personne. on était tous des frères et sœurs. c'était loin d'être parfait hein, faut pas s'leurrer, mais c'était mieux que rien
05. à seize ans j'ai commencé à me prendre de passion pour le dessin. j'étais plutôt doué et ça m'permettait de m'sortir la tête de toutes ces conneries qu'était le lycée. j'étais obligé d'y allait, mais j'pigeais pas l'but. rester assis pendant des heures à écouter quelqu'un te raconter des histoires sur comment c'était avant. qu'est ce qu'on en a à foutre sérieux. du coup, j'dessinais, tout le temps, j'dessinais. puis quand j'rentrais du bahut j'allais bosser. c'était pas grand chose, mais ça m'permettait d'avoir un peu d'argent d'poche pour m'faire plaisir parce que, faut se l'avouer, j'avais des fringues via l'orphelinat, mais c'était vraiment le strict minimum. si j'voulais un truc en plus, j'devais trimer pour l'avoir.
06. à dix-huit ans, j'ai eu ma première copine. elle avait tout que je n'avais pas. pour commencer, elle avait une famille, ensuite elle avait de la thune puis elle avait une maison et tout ce qu'elle avait toujours rêvé. ça a duré un an et demi avant qu'elle se barre à l'autre bout du pays pour aller dans sa putain d'université. j'lui ai jamais pardonné d'm'avoir quitté. j'comprenais pas pourquoi. j'm'en suis remis, mais autant dire qu'après ça, j'croyais plus en rien.
07. j'ai commencé à sortir à peu près en même temps que je me suis mise avec elle. j'suis tombé amoureux de la fête. l'euphorie que ça me procurait. cette sensation de perte de contrôle, d'oublie total. ne sentir que son corps bougé au rythme de la musique et ne penser à rien d'autre qu'au moment présent. oublier qui l'on est, de toute façon on s'en fou, on peut devenir qui on veut. on est comme invincibles.
08. j'ai commencé à m’intéresser aux tatouages vers mes dix-neuf ans. ça faisait un an que j'étais mécano dans le garage du mari d'madame young. du coup j'avais un peu de thunes de côté. j'habitais plus à l'orphelinat, mais c'était tout comme, j'traîne toujours là-bas d'ailleurs, pour voir la vieille et les gosses. j'ai fait mon premier tatouage sur le torse, c'était pas trop visible au moins pour un premier, j'étais sûr. puis ce fut le déclic. j’enchaînais les tatoos dès que j'avais assez du thunes de côtés.
09. à vingt-et-un ans j'suis devenu tatoueur. j'ai été engagé dans le salon d'un pote avec qui j'avais l'habitude de sortir. j'étais plutôt doué, j'adorais ça et ça payait mieux que le boulot de mécano. j'avais enfin un appartement digne de ce nom. c'était un peu galère au niveau des fins de mois, mais j'trouvais toujours de quoi terminer dans l'vert. c'était pas facile, mais j'manquais de rien.
10. j'ai jamais plus eu de relations à proprement parlé. disons que c'était sans lendemain, j'm'attachais pas, j'm'attachais jamais. j'aurais voulu hein, mais c'est juste que j'y arrivais pas. c'était pas pour moi, du coup j'suis resté célibataire. j'voyais bien que ça en faisait chier certaine, mais j'en avais rien à foutre, j'étais bien dans ma solitude. j'avais toujours connu que ça alors bon.
11. j'enchaînais les colocs pour réduire le coût de logement et pouvoir économiser pour ouvrir mon propre salon d'tatouages. c'est pas que j'aimais pas bosser avec mon pote, c'est juste que j'avais besoin de prendre mon indépendance. j'voulais réussir à quelque chose dans la vie. j'voulais aller au bout de mon rêve. j'voulais avoir mon propre salon. j'voulais rendre mme young fière de moi.
12. à vingt-trois ans, j'ai terminé en garde à vue. j'en suis pas fière, vraiment pas. ma seule erreur de parcours. j'avais cassé l'nez à pauvre type qui m'avait cherché des noises. j'dis pas qu'il avait mérité de finir avec le nez dans l'plâtre, mais j'l'avais prévenu. il avait commencé à faire chier un d'mes potes, à l'bousculer. puis j'étais un peu saoul aussi faut dire, donc ça a pas aidé. bref, la droite est partie toute seule.
13. cette même année je rencontrai arabella. elle proposait une coloc dans un loft pour un loyer encore moins cher que celui que je payais actuellement pour un appartement miteux. j'peux vous dire que j'y ai pas réfléchit à deux fois, j'ai foncé. j'suis allé la voir. j'me doutais que j'étais pas le seul à postuler et surtout le fait que j'étais un mec serait sans doute un point négatif, mais qui ne tente à rien a rien non. elle a été intriguée par mes tatouages. j'pense que c'est ça qui a fait qu'elle m'a pris. à vrai dire, j'm'en foutais de la raison, j'allais pouvoir encore plus économiser.
14. j'pensais pas que la recontre avec bella aurait changé ma vie comme ça. j'm'attendais surtout pas à voir des caméras débarquer ainsi que des paparazzis à tout bout d'champs. j'ai voulu partir hein, faut pas croire, tout ce monde de strass et paillettes c'était vraiment pas pour moi. j'm'éclipsais le plus possible, mais ma gueule est déjà apparu à la télé. j'supportais pas ça, j'avais beau être grand gueule, la célébrité, très peu pour moi. cependant j'suis pas parti. j'sais pas vraiment pourquoi, enfin si j'sais pourquoi, mais j'aime pas l'admettre. j'suis resté pour elle, j'pouvais pas la laisser seule avec cette galère. en fait, j'pouvais pas la laisser tout court.
15. mme young a choppé l'cancer du sein y'a quelques mois maintenant. autant dire qu'apprendre ça, ça m'a détruit. j'voulais pas qu'elle crève. j'voulais surtout pas ça. j'ai beau dire que j'ai pas d'famille et que j'm'en fou d'tout ça, mais elle, cette femme extraordinaire, c'est elle ma famille. du coup, j'ai passé une partie d'mes économies pour aider son mari à payer les frais. j'voulais tout faire pour qu'elle s'en sorte. les medecins m'disent que ça ira, mais j'leur fait pas confiance.
16. grâce au loft de bella, j'peux faire des soirées monstrueuses et j'm'en prive pas. j'vois aussi qu'ça lui fait du bien à bella du coup, j'continue. j'vais pas m'arrêter si ça la rend heureuse. j'aime toujours autant ça. je ne vis que pour ça. sentir ce moment où, votre cerveau se déconnecte, où t'sais même pas comment t'arrives encore à danser, où la musique s'imprègne dans ta peau, où tu es la musique. ce moment du pur bonheur.
17. j'ai commencé y'a quelques s'maines maintenant un projet qui m'tient à coeur depuis que j'suis gosse. celui de réaliser un bd sur l'orphelinat. j'sais c'est pas l'meilleur des sujets, mais c'est le seul que j'maîtrise vraiment bien et j'trouve que y'a tellement de choses à dire. le truc, c'est que j'sais dessiner, ça oui, mais j'sais pas vraiment écrire correctement. du coup, j'm'y essaie, ça prend du temps, mais j'y crois. j'sais qu'un jour elle va sortir.
18. j'ai toujours été allergique au chocolat. j'sais pas pourquoi, mais c'est comme ça. la première fois que j'en ai mangé j'ai gonflé et j'pouvais plus respirer. j'me souviens j'ai cru qu'j'allais mourir. c'était horrible. le plus horrible reste quand même les deux trois cons qui arrivent toujours à m'sortir que l'chocolat c'est la meilleure chose aux mondes.
19. j'aurais pu super mal tourné. j'étais de ces gosses mal aimé, en colère contre le monde qui cherchait une raison à leur vie. ouais, ces mêmes gosses qui s'retrouvaient dans des gangs à l'âge de douze ans. heureusement pour moi, y'a eu mme young, malgré mon caractère compliqué, elle m'a toujours remis dans l'droit chemin. j'lui dois tout ce que j'suis aujourd'hui. tout.
20. j'ai jamais connu tout ce qu'un gosse a du connaître dans sa vie. j'ai jamais eu de vacances, j'suis jamais parti de boston pour visiter autre chose, jamais. j'suis toujours resté là. j'allais au cinéma deux fois par an, j'devais partager les trois ordinateurs de l'orphelinat avec les autres gamins, j'ai jamais eu ma chambre pour moi tout seul et j'avais l'droit à une à une boite de friandises pour mes anniversaires. c'est tout. pourtant, j'ai l'sentiment de jamais avoir manqué de rien. j'étais pas malheureux hein, faut pas croire. j'ai aucun regret de cette enfance là, parce qu'au final elle a fait qui j'suis aujourd'hui.